La prononciation, la syntaxe et la grammaire de la langue sango

Le sängö ne comporte pas difficultés phonétiques importantes. Les sons utilisés en français et en sängö sont globalement les mêmes.

Cependant, le sängö est une langue tonique, c’est-à-dire qu’elle comporte des variations de tons qui ont potentiellement une incidence sur le sens des mots. Le français ne comporte pratiquement pas de variations toniques.

Quand des étrangers apprennent la langue sängö, ils doivent donc porter une attention à ce phénomène inhabituel pour eux.

Il y a 3 variations toniques principales en sängö :

  • Le ton neutre (pas d’accentuation de la syllabe considérée) ;
  • Le ton moyen (accentuation moyenne de la syllabe considérée) ;
  • Le ton haut (accentuation forte de la syllabe considérée).

Ce modèle théorique est schématique, mais la réalité est beaucoup plus nuancée. L’écoute attentive de la langue et de ses subtilités phonétiques vous permettront de comprendre de manière concrète et plus approfondie l’importance des variations toniques. Il a été décidé par convention de représenter à l’écrit les variations toniques moyennes et fortes par des accents placés sur les voyelles. Lorsqu’une syllabe est au ton neutre, c’est-à-dire qu’elle n’est pas prononcée de manière accentuée, elle ne comporte pas d’accent à l’écrit.

Le ton neutre

Exemple :

  • Chance (le destin, la chance). Ce mot d’origine française se prononce à la française. Les mots issus du français gardent souvent leur prononciation d’origine ;
  • Fa (montrer). Ce verbe est prononcé sans accentuation. Si la même syllabe fa est prononcée en mettant un accent tonique sur le « a », le sens du verbe change et devient tuer, couper ou briser (en fonction du contexte).

Le ton moyen

Exemple :

A l’écrit, le ton moyen est indiqué par la présence d’un tréma placé sur la voyelle de la syllabe considérée.

  • Ë (nous). Ce pronom personnel se prononce généralement « ï » (le son « i », avec une légère accentuation). Dans certaines variantes du sängö, ce pronom personnel est prononcé « é » comme dans le mot français été ;
  • + nom (attendre quelqu’un/quelque chose). Le son « ü » se prononce comme le « ou » français, mais avec une légère accentuation tonique.
    Commentaire :

Le son « u » du français (prononcé comme dans uniforme) n’existe pas dans les mots sängö d’origine africaine.

Le « u » se prononce systématiquement « ou ». Les mots repris directement du français constituent néanmoins une exception à cette règle phonétique, et sont généralement prononcés à la manière française.

Le son « e » du français (prononcé comme dans « le » ou « Europe ») n’existe pas non plus en sängö. Le son « e » se prononce « é » (comme dans « clé »), mais avec le cas échéant une variation dans l’intensité de l’accent tonique.

Le ton haut

A l’écrit, le ton haut est indiqué par la présence d’un accent circonflexe au-dessus de la voyelle de la syllabe considérée.

Exemples :

  • Ngû (l’eau, l’année). La voyelle finale est accentuée fortement ;
  • Pîka (frapper). La voyelle de la première syllabe de ce verbe est accentuée fortement ;
  • (tuer, couper, briser). La voyelle de ce verbe est accentuée fortement. Si la même syllabe est prononcée sans accentuation, le verbe change de sens et signifie montrer.

La confusion peu dérangeante entre le ton moyen et le ton haut.

Si le respect des particularités phonétiques du sängö est important, il convient toutefois de relativiser la chose. Il ne faut pas accentuer les syllabes qui ne doivent pas l’être, c’est vrai. Il faut accentuer les syllabes qui doivent l’être, c’est vrai aussi. Mais il n’y a pas de règle absolue pour ce qui concerne l’intensité de l’accentuation. En écoutant des conversations entre locuteurs natifs, il est souvent assez difficile de différencier une accentuation moyenne d’une accentuation forte.

Par ailleurs, la force de l’accentuation peut varier en fonction des individus ou des variantes de la langue. Pour un même mot, certains Centrafricains vont moyennement accentuer la syllabe considérée, tandis que d’autres vont l’accentuer fortement. J’ai essayé dans ce recueil de retranscrire les accents toniques de la manière qui me semblait la plus opportune.

Il faut toutefois garder en mémoire que l’accentuation n’est pas une science exacte. En fonction des lexiques, les mêmes mots sont parfois accentués de différentes manières. Quoi qu’il en soit, l’habitude de l’écoute du sängö développera l’oreille et vous permettra au moins de distinguer les mots qui nécessitent une accentuation de ceux qui n’en nécessitent pas.

Il est donc indispensable d’écouter la radio, ainsi que des conversations courantes, pour progresser en sängö. La radio est un moyen particulièrement efficace de progresser.

La question de la retranscription du sängö à l’écrit.

Il n’y a pas de convention figée pour la retranscription à l’écrit du sängö. Cette langue est principalement orale, et il n’y a pas de règle unique pour la retranscription des sons avec l’alphabet latin. Vous trouverez différentes manières de retranscrire la langue. La manière de retranscrire la langue à l’écrit est finalement accessoire. Quand vous lisez des inscriptions en sängö, essayez de retrouver des mots et des phrases que vous avez réellement entendus et ne déchiffrez pas simplement une retranscription qui est imparfaite par nature.

Différentes manières de retranscrire certains sons :

  • Le son wa est parfois retranscrit ua mais il s’agit bien de la même chose. Exemple : Wandë/Uandë = l’étranger ;
  • Le son wi est parfois retranscrit ui mais il s’agit bien de la même chose. Exemple : läkwî/läkuî = le soir.

Certaines prononciations caractéristiques.

La prononciation nasale. Certains mots comportent une syllabe soumise à une prononciation nasale assez caractéristique. A l’usage, il vous faudra identifier et mémoriser les quelques mots qui sont concernés par ce phénomène.

Exemple :

  • Le verbe (a)sön qui signifie faire mal, faire souffir physiquement. Nye asön âla ? Gerê tî mbï asön mbï = qu’est-ce qui vous fait mal ? Mon pied me fait mal ;
  • Le verbe (a)biän qui signifie changer ;
  • La prononciation du « r » roulé.

En sängö, le « r » est prononcé parfois comme en français.

Exemple :

  • Le verbe sâra qui signifie faire. Certaines personnes prononcent le « r » de sâra à la française, mais d’autres roulent le « r » en prononçant ce verbe ;
    Souvent le « r » est roulé en

    Certaines prononciations caractéristiques.

  • La prononciation nasale. Certains mots comportent une syllabe soumise à une prononciation nasale assez caractéristique. A l’usage, il vous faudra identifier et mémoriser les quelques mots qui sont concernés par ce phénomène.

Exemple :

  • Le verbe (a)sön qui signifie faire mal, faire souffrir physiquement. Nye asön âla ? Gerê tî mbï asön mbï = qu’est-ce qui vous fait mal ? Mon pied me fait mal ;
  • Le verbe (a)biän qui signifie changer ;
  • La prononciation du « r » roulé.

En sängö, le « r » est prononcé parfois comme en français.

Exemple :

  • Le verbe sâra qui signifie faire. Certaines personnes prononcent le « r » de sâra à la française, mais d’autres roulent le « r » en prononçant ce verbe ;
    Souvent le « r » est roulé en sängö.

Exemple :

  • Le verbe (a)sukûra mbêni yê qui signifie laver quelque chose. En fait la prononciation du « r » de ce verbe est proche du « l » (sukûla).
    Il n’y a pas de règle absolue pour la prononciation du « r », qui peut varier en fonction des individus. Il faut essayer de mémoriser la manière la plus courante de prononcer le « r » pour chaque mot, mais quelle que soit la manière dont vous prononcez le « r » vous devriez normalement être compris.
  • La prononciation du « h » aspiré. Comme en français, le « h » est aspiré en sängö, c’est-à-dire qu’il n’est pas prononcé ou à peine.

Exemple :

  • Le verbe (a)hînga qui signifie savoir, connaître. Mo hînga tî kpë na moto ? = Tu sais rouler en moto ? Hînga se prononce en fait ‘înga.
  • La prononciation de nye. Nye signifie que/quoi et se prononce comme le « gn » de gagner.

Exemple :

  • Comment ça va ? = Tongana nye ?
  • La prononciation du « g ». En sängö le « g » se prononce comme le « g » français de garder ou de guidon. Le « g » du sängö ne se prononce jamais comme le « g » de génération ou de girouette. La seule exception est celle des mots français qui ont été assimilés par le sängö. Ces mots gardent généralement leur prononciation française d’origine.

Exemple :

  • Il/elle a oublié son assiette = Lo girïsa sembë tî lo (La prononciation de ce « g » est dure; il ne s’agit pas de la prononciation du « g » de girouette).
  • La prononciation du « e ». En sängö, le « e » se prononce toujours « é », avec simplement une variation dans le ton. Le « e » ne se prononce pas comme dans les mots français repas ou rechute. Le « e » se prononce comme dans le mot éduquer ou réparer, par exemple. Dans les mots d’origines française, les « e » sont soit prononcés à la française, soit prononcés avec un accent aigu, à la manière centrafricaine.

Exemple :

  • La peur = Mbëtö (il n’y a pas d’accentuation moyenne ou forte dans ce mot, mais la première syllabe se prononce mbé).
  • La prononciation du son «gb». Il y a beaucoup d’association de consonnes en sangö (ngba = rester ; ngbô = serpent ; kugbë tî kâsa = légume). Quand des consonnes sont associées, la prononciation de la première consonne est généralement atténuée par rapport à la prononciation de la deuxième.

Exemple :

  • Ngbö (serpent) se prononce en fait n’bô. Le « g » est à peine prononcé. Idem pour kugbë, ngba etc…
  • La modification phonétique du « z » en « dj » dans la langue usuelle. Le son « z » se transforme assez fréquemment en « dj » en sängö usuel.

Exemple :

  • Nzôni (bien, bon) se prononce également ndjôni.
  • La modification phonétique du « s » en « sh » dans certains mots de la langue usuelle. Le son sh comme dans le mot chat est assez rare dans les termes sängö d’origine africaine. Certains mots comportant un « s » subissent toutefois une modification phonétique dans la langue usuelle. Le « s » se transforme alors en « sh ».

Exemple :

  • Le « s » du mot sîonî, qui signifie mal, mauvais (au sens moral), se prononce souvent « sh » ;
  • Le « s » du mot usïö qui signifie quatre, se prononce souvent « sh ».
  • Les formes contractées. En sängö les contractions sont assez courantes.

Exemple :

  • Ayeke sengë = ça va ?/ça va (littéralement cela signifie il n’y a rien ou plutôt il n’est rien). Certe forme bien articulée est peu utilisée. En revanche, les formes contractées sont utilisées : ‘yeke sengë, ‘eke sengë, voire ‘ke sengë ;
  • Bûlê ayeke da ? = Il y a des bananes ? Certe forme bien articulée est peu utilisée. En revanche, la forme contractée est répandue : bûlê a’ke da ? Le français procède également à des contractions dans le langage familier : il y a des bananes ? = Y’a des bananes ?

Exemple :

  • Le verbe (a)sukûra mbêni yê qui signifie laver quelque chose. En fait la prononciation du « r » de ce verbe est proche du « l » (sukûla).
    Il n’y a pas de règle absolue pour la prononciation du « r », qui peut varier en fonction des individus. Il faut essayer de mémoriser la manière la plus courante de prononcer le « r » pour chaque mot, mais quelle que soit la manière dont vous prononcez le « r » vous devriez normalement être compris.
  • La prononciation du « h » aspiré. Comme en français, le « h » est aspiré en sängö, c’est-à-dire qu’il n’est pas prononcé ou à peine.

Exemple :

  • Le verbe (a)hînga qui signifie savoir, connaître. Mo hînga tî kpë na moto ? = Tu sais rouler en moto ? Hînga se prononce en fait ‘înga.
  • La prononciation de nye. Nye signifie que/quoi et se prononce comme le « gn » de gagner.

Exemple :

  • Comment ça va ? = Tongana nye ?
  • La prononciation du « g ». En sängö le « g » se prononce comme le « g » français de garder ou de guidon. Le « g » du sängö ne se prononce jamais comme le « g » de génération ou de girouette.

La seule exception est celle des mots français qui ont été assimilés par le sängö. Ces mots gardent généralement leur prononciation française d’origine.

Exemple :

  • Il/elle a oublié son assiette = Lo girïsa sembë tî lo (La prononciation de ce « g » est dure; il ne s’agit pas de la prononciation du « g » de girouette).
  • La prononciation du « e ». En sängö, le « e » se prononce toujours « é », avec simplement une variation dans le ton. Le « e » ne se prononce pas comme dans les mots français repas ou rechute. Le « e » se prononce comme dans le mot éduquer ou réparer, par exemple.

Dans les mots d’origines française, les « e » sont soit prononcés à la française, soit prononcés avec un accent aigu, à la manière centrafricaine.

Exemple :

  • La peur = mbëtö (il n’y a pas d’accentuation moyenne ou forte dans ce mot, mais la première syllabe se prononce mbé).
  • La prononciation du son « gb ». Il y a beaucoup d’association de consonnes en sängö (ngba = rester ; ngbô = serpent ; kugbë tî kâsa = légume). Quand des consonnes sont associées, la prononciation de la première consonne est généralement atténuée par rapport à la prononciation de la deuxième

Exemple :

  • Ngbö (serpent) se prononce en fait n’bô. Le « g » est à peine prononcé. Idem pour kugbë, ngba etc…
  • La modification phonétique du « z » en « dj » dans la langue usuelle. Le son « z » se transforme assez fréquemment en « dj » en sängö usuel.

Exemple :

  • Nzôni (bien, bon) se prononce également ndjôni.
  • La modification phonétique du « s » en « sh » dans certains mots de la langue usuelle. Le son sh comme dans le mot chat est assez rare dans les termes sängö d’origine africaine. Certains mots comportant un « s » subissent toutefois une modification phonétique dans la langue usuelle. Le « s » se transforme alors en « sh ».

Exemple :

  • Le « s » du mot sîonî, qui signifie mal, mauvais (au sens moral), se prononce souvent « sh » ;
  • Le « s » du mot usïö qui signifie quatre, se prononce souvent « sh ».

Les formes contractées. En sängö les contractions sont assez courantes.

Exemple :

  • Ayeke sengë = ça va ?/ça va (littéralement cela signifie il n’y a rien ou plutôt il n’est rien). Certe forme bien articulée est peu utilisée. En revanche, les formes contractées sont utilisées : ‘yeke sengë, ‘eke sengë, voire ‘ke sengë;
  • Bûlê ayeke da ? = Il y a des bananes ? Certe forme bien articulée est peu utilisée. En revanche, la forme contractée est répandue : bûlê a’ke da ? Le français procède également à des contractions dans le langage familier : il y a des bananes ? Y’a des bananes ?

LA PLACE DES PRINCIPAUX ELEMENTS DE LA PHRASE

La syntaxe du sängö a des points communs avec celle du français. Les places habituelles du sujet, du verbe et du complément sont ainsi les mêmes dans les deux langues. Le sujet est généralement en tête, suivi du verbe, lui-même suivi du complément.

Exemple :

  • Il/elle mange du pain : Lo të mäpa (Lo=sujet/të ; verbe/mapä = complément).

Le sujet est en début de phrase.
Dans l’exemple cité plus haut, le sujet est « Lo ». Il s’agit du pronom personnel « il » ou « elle ». Le sängö comporte un seul pronom personnel pour la 3ème personne et ne fait pas de différence phonétique entre le masculin et le féminin. Seul le contexte permet de savoir si « Lo » désigne un sujet féminin ou masculin. A noter que « Lo » peut aussi être utilisé comme pronom relatif (Mbï yê lo : je l’aime).

Le verbe est placé après le sujet.

  • Ici il s’agit du verbe (manger).

Le complément suit le verbe.

  • Ici il s’agit du mot mäpa (pain).

LA PLACE DE L’ADJECTIF QUALIFICATIF PAR RAPPORT AU NOM QU’IL QUALIFIE

Remarque préalable sur les adjectifs :
Chaque langue a sa propre manière d’utiliser les outils grammaticaux. Pour désigner certaines notions, le français utilisera par exemple des adjectifs, tandis que le sängö utilisera des noms.

Prenons un exemple issu du vocabulaire religieux : pour évoquer la mère du Christ en français, on dira Sainte Marie ou la Sainte Vierge. La langue française privilégie dans ce cas l’adjectif pour insister sur la sainteté de Marie. La langue sängö privilégie quant à elle le nom. En sängö, Sainte Marie se dit Marie Wamokondö qui peut se traduire littéralement par « Marie Personne de pureté ».

En sängö, comme en français, l’adjectif qualificatif est employé de deux manières :
L’adjectif qualificatif peut tout d’abord caractériser un nom ou un pronom par l’intermédiaire d’un verbe d’état, qui est le plus souvent le verbe être. On dit alors que l’adjectif qualificatif est « attribut ».

En sängö comme en français, l’adjectif qualificatif attribut se place juste après le verbe.

Exemple :
Da sô ayeke pêndêre : cette maison est belle. L’adjectif pêndêre (beau, belle) se place juste derrière le verbe être (ayeke).
L’adjectif qualificatif peut également être rattaché directement au nom qu’il caractérise, sans l’intermédiaire d’un verbe. En grammaire, on dit alors que l’adjectif qualificatif est « épithète ». En sängö l’adjectif qualificatif épithète est placé devant le nom qu’il caractérise.

Exemple :

  • Notre beau pays = Pêndêre ködrö tî ë ;
  • Une belle femme = Pêndêre wâlï (pêndêre = beau/belle ; wâlï = la femme) ;
  • Un homme fort = Ngangû kôlï (ngangû = fort/force; kôlï = L’homme).

Lorsqu’un le mot qualifiant est placé après le mot qualifié, ce n’est pas un adjectif, mais un adverbe. Dans la traduction française on utilisera toutefois un adjectif.

Exemple :
Dans un pays étranger/à l’étranger = Na ködrö wandë ;
Sainte Marie/La Vierge Marie = Marie WamokondöMarie personne de pureté ») ;
Dans différents lieux = Na yâ tî ando ndë ndë.
Remarque : les noms de qualité comme beauté (pêndêre), force /puissance (ngangû) ; grand, grandeur (kötä) peuvent être utilisés en tant que noms, en tant qu’adjectifs et même parfois en tant qu’adverbes.

Exemple de mot utilisable comme adjectif ou comme nom :

  • Kötä këkë sô = ce grand arbre ;
    Le mot kötä est utilisé ici comme adjectif. On le devine car il est placé devant le nom qu’il qualifie (këkë = arbre)
  • Nzapä ë gônda mo, ndalï tî kötä tî mo : « Littéralement : Dieu nous te glorifions, pour la raison de ta grandeur » ; Le mot kötä est utilisé ici comme nom. On le devine car kötä est introduit par la particule tî qui signifie en « de ». Kötä tî mo : « la grandeur de toi », ta grandeur.

Le cas particulier de l’utilisation dans une phrase en sängö d’un groupe nominal français composé d’un nom et de son adjectif épithète :

Prenons un extrait d’une chanson intitulée Le vieillard :

Âla ‘ke tambûla na voiture climatisée = Ils circulent en voiture climatisée ;
Le complément voiture climatisée est un groupe nominal tiré directement du français. L’adjectif (climatisée) conserve la place qu’il a initialement en français et ne se place pas devant le nom (voiture).

LES ADVERBES

Les adverbes se placent en fin de phrase.

Exemple :

Le mot pêndêre est utilisé généralement comme adjectif et signifie alors beau/belle. Mais il peut également être utilisé comme adverbe. L’analyse de la phrase et la position du mot pêndêre permettent de déterminer s’il est utilisé comme adjectif ou adverbe.

Dans la phrase lo yeke pêndêre = il/elle est beau/belle, le mot pêndêre est un adjectif qualificatif attribut qui caractérise le pronom personnel lo. C’est la place de pêndêre, juste derrière le verbe être, qui permet de le deviner.

Dans la phrase pêndêre kôlï sô alängö na Bangui (Ce bel homme habite Bangui), le mot pêndêre est placé juste devant le nom kôlï (homme). Pêndêre est donc épithète et caractérise le nom homme.

Analysons maintenant la phrase lo hê bîâ pêndêre. Lo signifie il ou elle. Hê bîâ signifie entonner une chanson.

Dans cette phrase, il n’y a pas de verbe être, et le mot pêndêre n’est d’ailleurs pas placé derrière un quelconque verbe. Pêndêre ne peut donc pas être un un adjectif qualificatif attribut.

Le mot pêndêre n’est pas placé juste devant un nom. Il ne peut donc pas non plus être épithète.
En fait, dans la phrase lo hê bîâ pêndêre, le mot pêndêre n’est pas un adjectif, mais un adverbe. Cet adverbe signifie joliment. Lo hë bîâ pêndêre peut se traduire par il/elle chante joliment.

Les principaux adverbes de quantité.
Il s’agit d’abord de mîngi, qui signifie soit beaucoup, soit très, soit nombreux/nombreuses (cela dépend du contexte). Mîngi se place en fin de phrase.

Exemples d’utilisation de mîngi :
Mbï yê Bêafrîka mîngi = J’aime beaucoup la Centrafrique ;
Ngû Nzapä apîka mîngi = Il pleut beaucoup, il pleut fort.

Il s’agit ensuite de këtë. Contrairement à mîngi, këtë est utilisé souvent comme adjectif et signifie alors petit. Mais këtë est utilisé parfois comme adverbe, et signifie alors peu. Quand këtë est utilisé comme adverbe, il est placé en fin de phrase.

Exemples d’utilisation de këtë :
Mbï hînga sangö këtë = Je connais un peu le sangö ;
Ë yeke na ngû këtë = Nous avons peu d’eau.

  • Le cas de l’adverbe ndë ou ndë ndë. En français, nous traduisons ndë par l’adjectif différent mais le mot « ndë », qui est souvent répété deux fois (« ndë ndë ») est en fait un adverbe et se place après le nom auquel il se rapporte :
    Des personnes différentes/différentes personnes : azo ndë ndë.
  • Les principaux adverbes de manière.
    Les adverbes de manière servent à décrire de quelle façon une action se réalise.

Exemples :

  • Lo hê bîâ pêndêre = Il/elle chante joliment ;
  • Mbï kïri na da tî mbï hïo = Je retourne chez moi rapidement.

LE SUFFIXE DE SUBSTANTIVATION « NGÖ »

Le suffixe ngö indique la présence d’un verbe substantivé, c’est-à-dire d’un verbe qui est devenu un nom par l’ajout d’un suffixe.

Exemple :

Développer/se développer = Maï. En ajoutant le suffixe ngö au verbe maï, on obtient le nom maïngo (développement).

Il existe un autre suffixe indiquant la substantivation. C’est le suffixe gbï. Mais ce suffixe est beaucoup moins fréquent que le suffixe ngö.

Exemple :

  • Bïängbï = Changement. Du verbe bïän = changer.

LA SUBSTANTIVATION PAR ACCENTUATION

Certains verbes ne comportant pas de syllabes accentuées sont substantivés (deviennent des noms) à travers un phénomène d’accentuation.

Exemple :

Tene signifie parler, dire. Lorsque les deux syllabes du mot tene sont accentuées moyennement, cela donne tënë, qui signifie parole, mot.

LA DETERMINATION DES NOMS QUALIFIANTS ET DU NOM QUALIFIE (LE « RAPPORT D’ANNEXION » ENTRE LES NOMS)

Chaque langue a un code qui permet de distinguer les noms d’une même phrase en fonction de leur importance respective. Le français utilise notamment les particules « de », « des » ou « du » pour indiquer le rapport entre les noms (Exemple : la voiture du maire de Marseille ; dans cette exemple, le groupe nominal la voiture est qualifié par le groupe nominal du maire, qui est lui-même qualifié par le groupe nominal de Marseille). La position des noms dans la phrase donne par ailleurs leur degré d’importance. En français, le nom qualifié est souvent en tête tandis que les noms qui le qualifient suivent.
Une logique assez comparable prévaut en sängö.

Exemple :

Da tî professeur tî sängö = la maison du professeur de sängö. Le mot da (maison) est en tête et il est qualifié par le groupe nominal professeur (composé de la particule qui signifie ici « de » et du mot professeur) qui est lui-même qualifié par le groupe nominal sängö (« de sängö »).
En l’absence de la particule , les positions respectives des mots sont une indication de leur hiérarchie.

Exemple :

Püpüsêsë signifie la poussière. C’est un mot composé de deux éléments : püpü qui signifie vent et sêsë qui signifie terre. Il y a donc un rapport hiérarchique entre les deux éléments. On pourrait traduire la notion de püpüsêsë par « la terre du vent ». L’élément hiérarchiquement dominant n’est plus placé en premier, comme c’est le cas quand la particule est utilisée (« sêsë tî püpü »). L’élément dominant est placé cette fois-ci en deuxième position, derrière l’élément qui le qualifie. C’est finalement la même logique que pour l’adjectif épithète qui est toujours placé avant le nom qu’il qualifie (pêndêre ködrö = un beau pays). Dans le cas du nom composé püpüsêsë, l’élément qualifiant püpü occupe la même position qu’il occuperait s’il était adjectif épithète (en premier, avant le nom qu’il qualifie).
Parfois, deux noms sont associés dans un ordre qui ne correspond pas au principe « élément qualifiant en tête et élément qualifié à la suite ».

Exemple :

  • Ngû Nzapä (la pluie) : ce mot est composé de la juxtaposition de Ngû (eau) et Nzapä (Dieu). Si la règle de hiérarchie des noms en fonction de leur ordre était valable dans ce cas, Ngû Nzapä signifierait « Dieu de l’eau » ce qui n’est pas le cas.
  • Yângâ da (la porte) : ce mot est composé de la juxtaposition de yângâ (bouche) et da (maison). Si la règle de hiérarchie des noms en fonction de leur ordre était valable dans ce cas, Yângâ da signifierait « maison de la bouche » ce qui n’est pas le cas.

LE PREFIXE « WA », QUI INDIQUE UNE PERSONNE PHYSIQUE DONT LA QUALITE EST LIEE AU NOM QUI SUIT

Le préfixe wa est très courant en sängö. La présence de ce préfixe indique que l’on parle d’une personne caractérisée par une qualité ou une fonction spécifique.

Exemple :

  • Fa mbëti signifie enseigner ; fangö mbëti signifie enseignement, action d’enseigner. En mettant le préfixe wa devant ce nom d’action, on crée le nom de l’auteur de l’action : wafangö mbëtï = enseignant, instituteur ;
  • Wabêafrîkaun Centrafricain ;
  • Marie WamokondöSainte Marie (« Marie personne de pureté ») ;
  • Wanzingö = un voleur (Zingöle vol).

LES MARQUES DU PLURIEL

Quand un nom est au pluriel, le singulier est précédé par le son « a ». La marque « a » indiquant le pluriel se place devant les noms, qu’ils soient d’origine africaine ou extra-africaine

Exemple :

  • L’homme = Kôlï ; les hommes = Akôlï ;
  • L’enfant = Môlengê ; les enfants = Amôlengê ;
  • Le programme = Programme ; les programmes = Aprogramme.

Remarque : en sangö, la marque du pluriel est un élément phonétique que l’on ajoute directement au nom. En français, à part pour les pluriels irréguliers (chevaux, pluriel phonétiquement identifiable du singulier cheval), la marque phonétique du pluriel est indirecte. Ce n’est pas le nom qui porte directement la marque du pluriel, mais un élément différent comme par exemple un article défini (la femme, les femmes ; il n’y a pas de différence phonétique entre le mot femme au singulier et le mot femmes au pluriel, seul l’article précise la situation).
La marque du pluriel (a) est portée par le nom, mais quand le nom est qualifié par un adjectif épithête placé forcément devant lui, la marque du pluriel est portée par cet adjectif.

Exemple :
Les soldats professionnels de Centrafrique = Akpengba Turûgu tî Bêafrîka.

Remarque :
En sängö comme dans beaucoup d’autres langues, certains noms employés au singulier renvoient parfois implicitement au pluriel.
La phrase les règles de manipulation des armes en sécurité se traduit par kodë tî nzôni dutï na ngombe (« Méthode du bon comportement avec fusil »).

En fait, le nom ngombe (fusil, arme à feu) est grammaticalement au singulier car il ne comporte pas la marque du pluriel (angombe), mais il renvoie implicitement à la catégorie des armes à feu. Ngombe comporte ici une connotation plurielle implicite.

L’ABSENCE D’ARTICLES DEFINIS

En sangö Il n’y a pas d’articles définis comparables à ceux du français (le, la, les). En sangö, le caractère défini d’un nom peut être indiqué de différentes manières :

  • par le contexte ;
  • par le pronom démonstratif « » (wâlï sô : cette femme) ;
  • par la particule « », utilisée pour caractériser un objet défini, ou comme pronom relatif.

La particule est toujours placée en fin de phrase à la différence des articles définis des langues européennes, qui sont pacés devant les noms.
Exemple d’utilisation de la particule comme pronom relatif :
Beaucoup de gens le parlent (sous-entendu le sangö) : azo mîngi atene nî;
Exemple d’utilisation de la particule comme article défini :
Le taxi a dérapé/glissé : taxi nî adërapë (on parle d’un taxi bien identifié, pas d’un taxi en général).

L’UTILISATION DE MBÊNI, QUI MARQUE L’INDEFINI

Pour indiquer qu’on parle d’un objet grammatical indéfini, c’est-à-dire qui ne se distingue pas a priori d’un autre objet appartenant à la même catégorie (une voiture, un cheval etc…), on le fait précéder par mbêni.

Exemple :

  • Un homme (un certain homme) = Mbêni kôlï ;
  • Une certaine chose = Mbêni yê.

Le mot mbêni qui indique le caractère indéfini de la chose dont on parle peut être utilisé au pluriel. Il est alors précédé de la marque du pluriel (« a »).

Exemple :

Certaines personnes m’ont vu = Ambêni azo abâ mbï ; le mot personne (zo) porte également la marque du pluriel. Mais la traduction ambêni zo abâ mbï est également correcte (dans cette traduction, zo ne porte pas de marque du pluriel). Cette deuxième traduction suit la logique commune. Pour dire par exemple des hommes forts, on traduit par angangû kôlï (marque du pluriel portée uniquement par l’élément qualifiant) et pas par angangû akôlï.
La particule mbêni ne doit pas être confondue avec la particule mvênï qui signifie soi-même. (Âla mvênïeux-mêmes ; lo mvênïlui-même, elle-même)

LES PRONOMS PERSONNELS

Je = mbï , Nousë (se prononce le plus souvent « ï », peut se prononcer « é »)

Tumo , Vousâla (âla est l’équivalent du vous poli au singulier ou alors du vous pluriel)

Il/ellelo Ils/ellesâla
Il existe une variante spécifique du pronom personnel nous. Cette variante est utilisée dans les offices religieux protestants. Nous se dit alors ani.

Comme souvent en sängö, le contexte est très important. Il permet notamment de préciser le sens des pronoms personnels lo (il ou elle ?) et âla (ils, elles ou vous ?).

A noter que le sängö n’hésite pas à répéter plusieurs fois le pronom personnel dans une même phrase. La répétition est même parfois indispensable pour que la phrase soit correcte.

Exemple :

  • Moi aussi j’aime chanter = Mbï ngä mbï yê tî hê bîâ.

LE PRONOM POSSESSIF, LE CAS DE LA PARTICULE TÎ

Le sängö n’a pas de pronoms possessifs comparables aux pronoms possessifs du français (mon, ma, mes, son, ses etc…). Le sängö utilise la particule suivi d’un pronom personnel ou d’un nom.

Exemple :

  • Ton pays est beau = Ködrö tî mo ayeke pêndêre ;
  • Mon nom est Thomas = ïri tî mbï ayeke Thomas ;
  • Les gens de ce pays aiment manger du poisson = Azo tî ködrö sô ayê tî të susu.

Ce dernier exemple montre les 2 usages principaux de la particule tî :

  • Le premier usage de la particule tî est d’indiquer un rapport de hiérarchie/possession entre deux mots (azo tî ködrö sô : les gens de ce pays) ;
  • Le deuxième usage de cette particule est d’indiquer un verbe à l’infinitif placé après un verbe actif (… ayê tî të susu : … aiment manger du poisson).

La particule est comparable, dans une certaine mesure, à la particule anglaise to.

Illustration :

  • il veut manger du poisson : he wants to eat fish (le verbe eat à l’infinitif est précédé de la particule to)
  • il veut/aime manger du poissonlo yê tî të susu (le verbe à l’infinitif est précédé de la particule ; à noter que le verbe (a)yê signifie aimer ou vouloir, cela dépend du contexte).

LE PRONOM DEMONSTRATIF SÔ

Le pronom démonstratif « » est le plus courant. Il peut être utilisé avec les tous les noms, qu’ils soient au singulier ou au pluriel, masculins ou féminin. Le pronom démonstratif se place après le nom, à la différence du français qui place le pronom démonstratif avant le nom.

Exemple :

  • Cet enfant = Môlengê sô ;
  • Cet homme = Kôlï sô ;
  • Cette femme = Wâlï sô ;
  • Ces enfants = A môlengê sô ;
  • Ces femmes = A wâlï sô ;
  • Ces hommes = A kôlï sô ;

Point important : quand « » est en tête de phrase, il signifie celui-ci, celle-ci ou ceci (cette chose). C’est le contexte qui permet de savoir ce que désigne le pronom démonstratif.

Exemple :

  • « Zo sô fadê lo yeke kä Jésus » = « Celui-ci vendra Jésus ». (Extrait du film Jésus, doublé en sangö ; dans cet exemple, « » fait référence à Judas) ;
  • « Sô ayeke da tî mbï » = c’est ma maison ;
  • « Sô ayeke tî mbï » = ceci est à moi/c’est à moi.

Remarque : beaucoup de mots sängö sont d’origine française et ont été assimilés. Quand vous faites une phrase et que vous ne connaissez pas la traduction en sängö de certains mots, remplacez-les par des mots français. Vous serez compris par vos interlocuteurs.

Le français n’est pas la seule langue étrangère à avoir donné des mots au sängö. Quelques mots sängö sont par exemple d’origine arabe (bägara qui signifie la vache, le bœuf ; sandûku qui signifie la caisse ; dûnia qui signifie le monde ; chaillë qui est à la fois un nom (qui signifie thé) et un verbe (qui signifie prendre le petit déjeuner, etc…).

LA PARTICULE EMPHATIQUE LAÂ, ASSOCIÉE A UN NOM/GROUPE NOMINAL

La particule laâ sert à mettre en relief un nom ou un groupe nominal

Exemple :

  • Ngïnza laâ…, c’est l’argent qui… Dans ce cas, laâ renvoie à ngïnza ;
  • Qui ? Peut se traduire soit par zo wa ?, soit par zo wa laâ ? Dans ce cas, laâ renvoie à zo wa ;
  • Nî laâ : c’est ça. Cette locution est très fréquente. Elle est construite à partir de la particule ( peut avoir différents sens comme le, la, ce, cette, mais il renvoie toujours à un élément précis/défini). La particule laâ sert ici à mettre en relief la particule .

LE VERBE, GENERALITES

En sängö, les phrases verbales sont largement majoritaires. Une phrase verbale est composée au minimum d’un sujet et d’un verbe (Lo yeke längö : il est en train de dormir). Le sujet et le verbe sont souvent suivis d’un complément (Lo gwë na Bangui = il/elle va/est allé(e) à Bangui).
Cependant, le sängö comporte également des phrases nominales. Une phrase nominale est une phrase sans verbe apparent.

Exemples :

  • Zo kwê Zo (slogan) : mot à mot, cela donne Tout Homme, Homme. C’est évidemment une traduction incorrecte en français. Pour traduire correctement, nous avons besoin de rajouter le verbe être : tout Homme est un Homme.
    Mais en sängö cette phrase n’a pas besoin de verbe apparent (le verbe être est sous-entendu). Il s’agit donc d’une phrase nominale. La devise humaniste Zo kwê Zo est très connue. Elle est inscrite dans différents endroits à Bangui et comporte une dimension philosophique. L’auteur de cette devise proclamant l’égalité des Hommes est Barthélémy BOGANDA, fondateur de la République centrafricaine.
    Des phrases nominales peuvent en outre être utilisées au marché, pour demander combien coûte un produit :
  • Mangö sô ôkë ? = Combien cette mangue ?

On voit ici que la phrase nominale fonctionne aussi en français.
Quoi qu’il en soit, les phrases verbales sont dominantes et quelques notions élémentaires relatives aux verbes sont à connaître.

a) L’absence de conjugaison.
En sängö les verbes ont généralement une origine africaine (ex : sâra kwa qui signifie travailler) ou une origine française (ex : (a)passë qui signifie se passer, se dérouler). Les verbes sängö sont tous soumis au même régime, quelle que soit leur origine. Ce régime est assez simple. Il n’y a pas de différences de modes ou de temps, car le sängö ne conjugue pas les verbes et utilise des marqueurs temporels pour indiquer le temps de la phrase.

b) La modification phonétique du verbe en fonction du type de sujet.
Quand le sujet du verbe est un pronom personnel (je, tu, il etc…, mbï, mo, lo…), le verbe ne subit pas de modification phonétique. Il n’y a alors pas de différence entre le verbe à l’infinitif et le verbe actif de la phrase.

Exemple : le verbe à l’infinitif veut dire arriver. Lorsqu’il est employé dans une phrase avec un pronom personnel, ce verbe ne subit aucune modification. Bïri, lo sï na Bangui = hier, il est arrivé à Bangui.
Mais quand le sujet grammatical n’est pas un pronom personnel (ex : kôlï = l’homme, zo = l’Homme/la personne humaine, Nzapä = Dieu etc…), on ajoute le son « a » devant le verbe actif.

Exemple : le verbe à l’infinitif ndoyê signifie aimer. Si l’on veut traduire la phrase Dieu aime tous les Hommes, on ajoute un « a » devant le verbe ndoyê, car le sujet grammatical (Dieu) n’est pas un pronom personnel. Donc la traduction de la phrase est la suivante : Nzapä andoyê azo kwê. En revanche, si l’on veut traduire la phrase Il aime tous les Hommes, cela donne Lo ndoyê azo kwê.
Défois, le son « a » est ajouté devant le verbe et il n’y a aucun sujet apparent.

Exemple :

  • Alïngbi = on peut (lïngbi= verbe pouvoir). Attention, en fonction du contexte peut avoir des sens différents. Alïngbi peut aussi signifier il faut, ou ça suffit.

c) La phrase négative (la particule apëë ou pëpëe).
Pour exprimer une négation, on termine la phrase par la particule apëë. Il existe une variante de la particule apëë qui est pëpëe.

Exemple :

La traduction de la phrase Je suis militaire est Mbï yeke turûgu. Pour traduire la phrase Je ne suis pas militaire, il suffit d’ajouter apëë à la fin de la phrase. Cela donne Mbï yeke turûgu apëë.

d) Les verbes être et avoir.

  • le verbe être. L’infinitif du verbe être se dit yeke (prononcer yéké). Yeke est utilisé comme verbe d’état (je suis français : Mbï yeke français) et comme auxiliaire (je suis en train d’apprendre le sängö = Mbï yeke manda yângâ tî sangö). Le verbe être est dominant en sangö. Pour dire il y a des bananes, on dit littéralement il est des bananes (Bûlê a’ke da). De plus, le verbe avoir en sängö est une variante du verbe être.

Remarque : la forme ayeke (le verbe être à la 3ème personne du singulier, mais avec un sujet qui n’est pas un pronom personnel) est souvent contractée en a’ke.

  • le verbe avoir. Le verbe avoir est dérivé du verbe être et se dit yeke na + nom.

Exemple :

  • J’ai trois enfants = Mbï yeke na amôlengê otâ ;
  • Je n’ai pas d’argent = Mbï yeke na nginza/ngindja apëë ;
  • J’ai 20 ans = Mbï yeke na ngû balë ûse (mot à mot : j’ai année dizaine deux ; en français grammaticalement correct : j’ai deux dizaines d’années).

Remarque : Ngû signifie eau ou année, en fonction du contexte.

e) L’importance du verbe pour désigner un état, une qualité.
Le sängö donne une place plus importante au verbe que le français. En effet, le sängö utilise très souvent le verbe pour désigner un état, là où le français utilise l’adjectif précédé du verbe être.

Exemple :

Cet homme est grand = Kôlï sô akono (verbe kono qui signifie être grand/long) = Kôlï sô ayo (verbe yo, qui a un sens comparable à kono) ;
Cette voiture est blanche : voiture sô avurü (verbe vurü qui signifie être blanc/blanchir) ;

Cette voiture est noire : voiture sô avûkö (verbe vûkö qui signifie être noir/noircir) ;
Cette chose est lourde : Yê sô anëin (prononciation nasale à la fin ; verbe nëin qui signifie être lourd/peser lourd).

f) Le verbe à l’infinitif à la suite du verbe actif.
Comme nous l’avons déjà vu, quand un verbe à l’infinitif suit un verbe actif, il est systématiquement introduit par la particule « ».

Exemple :

  • Il refuse de te voir = Lo këin tî bâ mo.

LE PASSE, LE PRESENT ET LE FUTUR

A la différence du français, le sangö ne comporte pas de système de conjugaison permettant de différencier les temps du verbe.
Cette situation simplifie l’apprentissage de la langue, puisqu’il n’y a pas de conjugaison à retenir. En revanche, elle nécessite de porter une attention particulière au contexte pour identifier le temps de l’action (passé, présent ou futur).
Une phrase hors de son contexte, et sans référence temporelle comme hier, demain (…), pourrait potentiellement se référer au passé ou au présent, voire au futur.

Exemple :

Lo tene taâ tënë. Cette phrase peut signifier « il dit la vérité » ou « il a dit la vérité » ;
En ajoutant une référence temporelle, on lève le doute :

  • bïri, lo tene taâ tënë  = Hier il a dit la vérité
  • lâa sô, lo tene taâ tënë  = Aujourd’hui il dit la vérité)

a) Le cas du présent progressif (il est en train de + verbe).
Comme nous l’avons déjà vu, on crée le présent progressif en mettant l’auxiliaire être (yeke, à pronconcer yéké) devant le verbe.

Exemple :

Sâra kwa est le verbe à l’infinitif travailler (sâra kwa signifie littéralement faire un travail).
Si je dis lo yeke sâra kwa, l’auxiliaire yeke qui précède l’infinitif sâra kwa indique un présent progressif.
Lo yeke sâra kwa signifie donc il/elle est en train de travailler, alors que lo sâra kwa signifie il travaille.

b) Les marques du passé.

1 – Le cas de l’action accomplie (particule awë).
Dans la phrase en sängö, le passé est indiqué par des références temporelles.

Exemple :

  • hier = bïri ;
  • en 1999 = na 1999/na ngû tî 1999 (on peut dire 1999 ou säki ôko na ngbangbo ngumbâya na balë ngumbâya na ngumbâya)

En outre, une particule très utilisée en sängö indique l’accomplissement d’une chose. Il s’agit de la particule awë.

Exemple :

Si je dis mo sï cela peut vouloir dire tu arrives ou tu es arrivé. Si je rajoute la particule awë en fin de phrase, j’indique que l’action est terminée. Mo sï awë signifie donc tu es déjà arrivé. La question Mo sï awë ? (tu es déjà là ?) est usuelle. Elle peut être employée lorsqu’on rencontre quelqu’un. C’est alors une manière d’engager la conversation.

Stage sô ahunzi awë : ce stage s’est terminé (ahunzi signifie se terminer ; ce verbe se prononce généralement ahundji, je z se transformant en dj).

2 – Le cas de l’action pas encore accomplie (particule adê).
Pour traduire « pas encore », on utilise la particule adê placée en tête de phrase que clôt la particule de la négation (apëë).

Exemple :

Je n’ai pas encore vu la ville de Bouar = Adê mbï bâ gbätä tî Bouar apëë.

c) Les marques du futur.
Dans la phrase en sangö, le futur est indiqué par des références temporelles.

Exemple :

  • Demain = kêkerêke ;
  • Dans les mois qui suivent : na anzë tî pêko (littéralement « dans les mois de la suite »).
    Il existe également deux particules qui indiquent une action future.

Il s’agit tout d’abord de la particule fadê. Elle se place presque toujours avant le sujet.

Exemple : la phrase Il/elle va vendre sa maison peut se traduire par Fadê lo kä da tî lo.
Il s’agit ensuite de la particule andê. Elle se place généralement en fin de phrase.

Exemple : la phrase J’irai le/la voir se traduit par Mbï yeke gwë tî bâ lo andê.

LES COMPLEMENTS CIRCONSTANCIELS

Les compléments circonstanciels donnent principalement des indications sur le temps et le lieu. Ils sont presque toujours introduits par la particule na. La particule na est très utilisée en sängö, et elle comporte des sens différents (à, avec, et, etc…).

a) Le complément circonstanciel de lieu.
Pour dire à/au/en + nom de lieu, j’utilise la particule na + nom de lieu.
La particule est utilisable pour les compléments circonstanciels de lieu qui décrivent une action dynamique ou une situation statique.

Exemple :

  • J’habite à Bangui : Mbï längö na Bangui ;
  • Je vais à l’hôpital : Mbï gwë na hôpital/danganga ;
  • Ils mangent/vous mangez à la cantine de l’école : âla të kôbë na cantine tî lêkol.

b) Le complément circonstanciel de temps.
La particule na est également employée pour introduire des compléments circonstanciels de temps.

Exemple :

  • Il/elle se lève à 5 heures : Lo zîngo na 5 heures ;
  • je le/la verrai lundi : Fadê mbï bâ lo na lundi 

Remarque : En sängö, les noms français des jours de la semaine sont très utilisés, comme sont utilisés les noms français des mois. Toutefois, le sängö dispose également de noms d’origine africaine pour désigner les jours et les mois.

Les jours de la semaine sont :

  • Lundi : Bïkwa ôko
  • Mardi : Bïkwa ûse 
  • Mercredi : bïkwa otâ
  • Jeudi : Bïkwa usïö 
  • Vendredi : Bïkwa okû 
  • Samedi : Lâpôso 
  • Dimanche : Lâyenga 

Les mois de l’années sont :

  • Janvier : Nyenye
  • Février : Fulundïgi
  • Mars : Mbängü     
  • Avril : Ngubê
  • Mai : Bêlawû
  • Juin : Föndo
  • Juillet : Lengwa
  • Août : Kûkürû
  • Septembre : Mvuka
  • Octobre : Ngberere
  • Novembre : Näbândrû
  • Décembre : Kakawûka

LA PHRASE PRINCIPALE ET LA PHRASE SUBORDONNEE RELATIVE

La phrase principale renseigne sur l’action principale qui est se déroule (Tu manges du pain…). La phrase subordonnée relative complète la phrase principale (…qui est frais). Les français utilise des mots comme que, qui, dont pour introduire une subordonnée relative. Ces mots renvoient au groupe nominal qui va être qualifié par la subordonnée relative.

En sangö, il n’y a pas à proprement parler de mots comme que ou dont qui permettent d’indiquer la présence d’une subordonnée relative. En revanche, le pronom démonstratif fait souvent le lien entre la phrase principale et la subordonnée relative.

Exemple :

« Pointe le canon du fusil vers un endroit dans lequel (« dans lequel » introduit la subordonnée relative) il est impossible de causer du dommage » : zïa yângâ tî ngombe nî na ndo sô (phrase principale) alïngbi sâra sîonî pëpëe (subordonnée relative)

LA DIMENSION METAPHORIQUE DU SÄNGÖ

Chaque langue a son style propre. Un aspect marquant du sängö est incontestablement sa dimension poétique et métaphorique.

Exemple :

Pour dire le soir, la soirée, le sängö associe le concept de jour/journée () avec celui de mort (kwî). Pour dire le soir, on utilisera alors le mot läkwî (littéralement, « la mort du jour »)

Pour dire la poussière, le sängö associe le concept de vent (püpü) avec celui de terre (sêsë). Pour dire la poussière, on utilisera alors le mot püpüsêsë (littéralement, « la terre du vent »)

Pour dire croire à qch, le sängö utilise le verbe mä na bê na + nom. Cela signifie littéralement « croire avec le cœur à qch ».

LES CHIFFRES ET LES NOMBRES

  • 1 : ôko
  • 2 : ûse
  • 3 : otâ
  • 4 : usïö
  • 5 : okû
  • 6 : omënë
  • 7 : mbrâmbrâ
  • 8 : mïombe
  • 9 : ngumbâya (le «n » est éludé ; on prononce « gumbâya »)
  • 10 : balë
  • 100 : ngbangbö (le 2ème « n » est éludé ; on prononce « ngbango »)
  • 1000 : sakï
  • 1 000 000 : Ngûndangû

Quand on donne le nombre d’un objet compté (x voitures, x personnes etc…), le nom dénombré se met en tête, et le nombre se met derrière le nom.

Exemple :

  • Deux bières : Bière ûsé ;
  • Cinq personnes : Zo okû ;
  • Douze bières : Bière balë ôko na ûseBière deux dizaine et deux »)

Cette logique s’applique également au « dénombrement des nombres eux-mêmes ».

Exemple :

  • Pour dire « 10 », on dit littéralement « dizaine une». 10 : Balë ôko ;
  • 1982 : Sakï ôko na ngbangbö ngumbâya na balë mïombe na ûse. (Littéralement, cela se traduit par millier un et centaine neuf et dizaine huit et deux).
  • Comment dire le 1er ? En sängö, 1er se traduit par kôzo.

Exemple :

Le premier Homme + Kôzo zo.
Comment dire le 2ème, le 3ème etc… ?
Première possibilité : on place le nombre (élément qualifiant) devant le nom (élément qualifié).

Exemple :

Le troisième Homme + otâ zo nî.
Si on inverse la position du nombre otâ et du nom zo, le sens change complètement : zo otâ signifie en effet trois personnes. Il faut se remémorer le chapitre 7 et l’indication de la hiérarchie des mots en fonction de leur position. Quand on dénombre un objet, l’élément « nombre » est central. Certes, l’objet indique quelle catégorie est dénombrée (en l’occurrence on parle ici de la catégorie Homme), mais l’information jugée centrale est celle du nombre d’objets de cette catégorie.

C’est probablement pour cette raison que le sängö a opté pour la position de l’objet en premier et du nombre à la suite de l’objet (zo otâ).
En revanche, quand on donne l’ordre d’un objet (2ème, 3ème etc…), l’objet est l’élément central et défini. Le caractère défini de l’objet est d’ailleurs confirmé par l’utilisation de la particule dont on a vu qu’elle peut avoir la valeur d’un article défini.

L’objet est l’élément qualifié par son ordre, qui est l’élément qualifiant. Le nombre indiquant l’ordre de l’objet remplit en quelque sorte la fonction d’épithète. Conformément à la grammaire du sängö, il se place donc avant le nom qu’il qualifie.

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